Les pensées ne sont que des panneaux sur la route de votre esprit. Vous pouvez les remarquer sans les suivre – Céline Folifack
Le simple acte de penser est si omniprésent qu’il passe souvent inaperçu. Tout comme le ronronnement constant d’un chauffage dans une pièce, notre esprit travaille en arrière-plan, accomplissant ce pour quoi l’évolution l’a façonné : catégoriser, prédire, expliquer, comparer, juger, et parfois s’inquiéter. Ce bruit de fond mental influence profondément nos actions, souvent sans que nous en soyons conscients. Cet article explore ce phénomène et propose une nouvelle manière d’aborder nos pensées.
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Penser : un processus automatique et souvent invisible
Avez-vous déjà réalisé à quel point vos pensées sont omniprésentes ? Nous passons souvent des heures à fonctionner sur le pilote automatique, absorbés par nos pensées sans en avoir pleinement conscience. Imaginez-vous au volant d’une voiture, parcourant des kilomètres sans remarquer le paysage autour de vous. Vos habitudes de conduite sont si enracinées qu’il est possible de conduire « sans réfléchir ». Pourtant, cette déconnexion peut avoir des conséquences inattendues, comme s’égarer hors de la route.
Dans le contexte des pensées, ce phénomène peut être comparé à conduire votre vie dans un fossé, guidé par des pensées incontrôlées et non examinées. À ce stade, il ne sert à rien d’essayer de corriger le problème en changeant les roues de la voiture ; cela ne s’attaque pas à la cause profonde. Ce qu’il faut, c’est revenir au moment où vous avez tourné le volant : ce moment crucial où une pensée a influencé votre comportement.
Voir les pensées comme des panneaux sur la route
Les pensées peuvent être comparées à des panneaux faits à la main le long d’une route. Ces panneaux, parfois invisibles à notre conscience, influencent nos décisions. Par exemple, un panneau mental pourrait dire : « Il faut quitter cette relation. Tu t’impliques trop, tu risques de souffrir. » Si vous suivez ce panneau sans le remettre en question, vous pourriez finir par saboter une relation prometteuse, en trouvant plus tard des justifications comme « il était trop accaparé par son travail » ou « il m’étouffait ».
Aaron Beck, le père de la thérapie cognitive, a introduit le concept de « distanciation », qui consiste à observer objectivement nos pensées. Dans cette approche, il s’agit d’évaluer et de contester les pensées pour corriger les erreurs logiques. C’est comme remarquer un panneau, s’arrêter pour le modifier, afin qu’il ne nous mène plus dans le fossé.
Cependant, une autre méthode, issue de la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), propose une approche différente. Plutôt que de contester ou de modifier les pensées, cette méthode invite à les observer sans s’y attacher. Cela revient à considérer les panneaux comme de simples graffitis : ils n’ont pas de pouvoir intrinsèque sur vous à moins que vous ne leur en donniez.
Regarder la pensée, pas depuis la pensée
Observer une pensée sans s’y attacher, c’est lui enlever le pouvoir de dicter vos actions. – Céline Folifack
Observer les pensées plutôt que de les prendre pour des vérités absolues est un exercice libérateur. Par exemple, remarquer une pensée du type « Je suis nul(le) » peut être vu comme un graffiti mental. Cette pensée n’a pas de signification inhérente sur qui vous êtes, tout comme une chanson monotone ne définit pas la qualité de la journée. Ce qui compte, c’est votre capacité à remarquer la pensée sans vous y attacher ni la combattre.
La pensée crée souvent l’illusion qu’elle reflète la réalité. Mais tout comme un enfant qui imagine une créature fictive peut se convaincre de sa réalité, nos pensées construisent des histoires qui ne sont pas nécessairement vraies. Reconnaître cela, c’est déjà se libérer de leur emprise.
Développer de nouvelles habitudes face aux pensées
Ce travail d’observation ne signifie pas que vous devez surveiller vos pensées en permanence. La vigilance excessive peut être contre-productive. À mesure que vous apprenez à repérer les pensées dès qu’elles surgissent, vous développez des habitudes mentales qui vous permettent de mieux réagir. Avec le temps, ces nouvelles habitudes rendent possible une conduite mentale plus fluide et moins sujette aux dérapages, même lorsque vous êtes « sur le pilote automatique ».
L’objectif n’est pas d’éradiquer les pensées, mais de changer votre manière de les appréhender. En apprenant à les voir pour ce qu’elles sont — des constructions mentales et non des réalités immuables — vous pouvez reprendre le contrôle de votre trajectoire. Vous devenez ainsi capable de répondre à vos pensées avec discernement, plutôt que de réagir automatiquement.
Conclusion
Les pensées peuvent être des alliées ou des obstacles, selon la manière dont nous les abordons. Apprendre à les observer avec détachement est une compétence puissante qui ouvre la voie à une vie plus sereine et alignée. Ce travail demande de la pratique, mais les bénéfices sont immenses : une meilleure compréhension de vous-même, une diminution des comportements automatiques et une plus grande liberté d’action face aux panneaux mentaux qui jalonnent votre route.
L'Équipe QE
