L’inconfort émotionnel, ce signal qu’on a trop souvent appris à ignorer
Dans un monde obsédé par la productivité et la performance, les émotions sont souvent perçues comme des obstacles à la réussite. Mais cette vision est non seulement réductrice, elle est aussi contraire à ce que la science moderne nous enseigne. Les émotions ne sont pas des faiblesses, elles sont des mécanismes d’orientation puissants, des guides internes façonnés par l’évolution pour assurer notre survie, notre adaptation, et surtout, notre humanité.
Comme le rappelle Gloria Wilcox, psychologue spécialisée dans l’intelligence émotionnelle, nous vivons constamment une ou plusieurs émotions. Ces émotions, telles des vagues, montent, se transforment, parfois s’entrechoquent… mais toujours finissent par passer. Leur nature est fluide, transitoire. Et même si nous ne sommes pas conscients d’elles, elles agissent en nous, influencent nos perceptions, nos décisions, notre énergie.
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💡 L’émotion, messagère du vivant
Le domaine de la psychologie est, à bien des égards, une science de l’émotion. Les émotions nous offrent une fenêtre directe sur le psychisme. Elles reflètent nos valeurs, alertent sur nos limites, signalent un changement dans notre environnement. Mieux : elles nous motivent à agir. Le mot “émotion” vient du latin movere, “mettre en mouvement”. Une émotion bien comprise est donc un élan, une direction, un moteur puissant.
Contrairement à l’idée reçue selon laquelle il faut “gérer” ses émotions, la pratique contemporaine de la pleine conscience invite plutôt à s’asseoir avec elles, à les accueillir sans jugement, à écouter ce qu’elles ont à dire. C’est ce qu’on appelle le travail émotionnel ou emotion work : une démarche de présence, d’observation et d’intégration.
🔄 Les 4 étapes de transformation émotionnelle : une pratique fondée sur la science
1. Nommer l’émotion
Commence par une respiration lente. Observe ce qui t’habite. Essaie de poser un mot précis sur ce que tu ressens : frustration ? nostalgie ? solitude ? gratitude ? Si tu ne trouves pas tout de suite, utilise une roue des émotions. Ce simple acte de nommer offre une première distance, une mise en forme. Il diminue l’intensité perçue de l’émotion et aide à mieux la reconnaître quand elle reviendra.
2. Localiser l’émotion dans le corps
Chaque émotion a une signature corporelle : une boule dans la gorge, une tension dans le dos, une chaleur dans la poitrine. Observer cela avec curiosité renforce le lien entre le corps et l’esprit. Et cela permet de mieux décoder ses signaux internes. Parfois, ce qu’on croyait être un mal de dos est en réalité une anxiété non exprimée.
3. Questionner sans juger
Plutôt que de demander : “Pourquoi je ressens ça ?”, questionne-toi avec douceur :
- Quelle est l’intensité de ce ressenti ?
- Est-ce une émotion familière ou nouvelle ?
- Quel besoin non satisfait me signale-t-elle ?
- Qu’essaie-t-elle de me dire sur moi, sur mon environnement ?
- Quel message ou quelle valeur se cache-t-elle derrière ?
En posant des questions ouvertes, tu entres dans un dialogue intérieur constructif, loin de l’auto-critique ou du refoulement.
4. Agir… ou laisser passer
Une fois l’émotion identifiée, ressentie, comprise, tu peux choisir : dois-tu agir à partir d’elle (exprimer une limite, faire un pas, dire non) ? Ou peux-tu la laisser s’éteindre, car elle a déjà livré son message ?
Certaines émotions, comme la colère, peuvent nous alerter d’un besoin de justice ou de respect. Elles deviennent alors des leviers d’affirmation de soi, à condition d’agir depuis un espace conscient, et non réactif.
🌿 Conclusion : Être avec soi, sans se fuir
S’asseoir avec ses émotions, c’est pratiquer l’acte radical de la présence. C’est reconnaître que chaque vague, même douloureuse, porte en elle un fragment de vérité. C’est refuser le déni ou l’anesthésie, pour entrer dans une relation plus vivante à soi.
Et si le vrai courage n’était pas dans le fait de “tenir bon” ou de “passer à autre chose”… mais dans celui de rester assis, là, les yeux ouverts sur son propre monde intérieur ?
Car en fin de compte, nos émotions ne sont pas là pour nous freiner. Elles sont là pour nous guider vers ce qui compte vraiment.