Vouloir faire plaisir aux autres peut sembler, à première vue, une qualité vertueuse. Pourtant, le people-pleasing, cette tendance à constamment se plier aux attentes d’autrui, cache un mal-être profond, tant pour celui qui l’incarne que pour ceux qui l’entourent.
Le people-pleaser dit “oui” quand il pense “non”. Il accepte des projets qu’il déteste, joue le rôle de l’amant idéal tout en ruminant ses frustrations. Il égare tout le monde autour de lui par son incapacité à formuler clairement ses besoins réels, ses désirs véritables, ses limites essentielles.
Posé brutalement, on pourrait dire que le people-pleaser ment. Non pas pour manipuler ou tirer profit, mais parce qu’il est terrifié à l’idée de déplaire.
Pour comprendre et peut-être compatir, il faut regarder en arrière. Le people-pleasing prend presque toujours racine dans une enfance où l’amour était conditionnel. Un parent colérique à la moindre contradiction, un autre si fragile qu’on n’osait ajouter à sa peine, un climat familial instable où le moindre écart pouvait tout faire exploser. L’enfant a alors appris à anticiper, prévoir, modeler son comportement pour survivre. À ce moment-là, la question de “ce que je veux vraiment” est passée au second plan.
Et ce n’était pas seulement par peur. C’était aussi par amour. Pour éviter d’ajouter de la peine à un parent dépressif. Pour protéger un équilibre familial bancal. Par loyauté silencieuse envers une mère épuisée ou un père absent.
Mais aujourd’hui, adulte, conscient, aimant, il nous est possible de sortir de ce schéma sans renier la tendresse d’autrefois. Trois pistes peuvent nous guider.
1. Distinguer le passé du présent. Les personnes qui nous entourent aujourd’hui ne sont pas celles de notre enfance. Elles ne sont pas toujours fragiles, colériques ou incapables d’accueillir notre vérité. La contradiction n’est pas un crime. Un refus bienveillant ne provoque pas la catastrophe. Il est temps de mettre à jour notre carte du monde relationnel.
2. Reconnaître les dommages collatéraux. Vouloir épargner les autres peut sembler noble, mais trop souvent, cela les blesse davantage. Au travail, ne pas exprimer ses doutes affaiblit l’équipe. En amour, rester par pitié, c’est voler à l’autre la chance de rencontrer un amour sincère. Il n’y a aucune générosité à se trahir soi-même pour ne pas “faire de peine”.
3. Apprendre l’art de dire la vérité avec douceur. Enfants, nous n’avions ni les mots ni la sécurité pour exprimer nos états d’âme. Aujourd’hui, nous pouvons. Dire “non” sans agresser. Exprimer un désaccord sans humilier. Mettre fin à une relation avec élégance et gratitude. Ferme sur le fond, tendre dans la forme.
En somme, il est possible d’être aimable sans être soumis. On peut être présent sans se renier. Le véritable amour – de soi et des autres – commence lorsque l’on ose être vrai, même si cela déplaît parfois. La paix naît du courage d’être pleinement soi.