Se voir clairement pour mieux aimer : la sagesse du Naikan
Dans notre quête de relations plus profondes, de paix intérieure et de sens, nous oublions parfois l’essentiel : notre propre place dans le tissu des liens humains. Le Naikan, méthode de réflexion japonaise fondée par Yoshimoto Ishin, nous invite à ralentir, à regarder avec honnêteté notre manière d’aimer, de recevoir et de blesser – souvent sans même en avoir conscience.
Fondé sur des principes de psychologie contemplative, le Naikan est utilisé dans des cliniques psychiatriques, des prisons, des écoles et des entreprises au Japon. Il nous ramène à trois questions fondamentales, simples mais bouleversantes, qui transforment notre regard sur nous-mêmes et les autres.
3 raisons de plonger dans la pratique du Naikan :
🔹 Un miroir émotionnel puissant : en répondant aux trois questions du Naikan, notre cerveau engage un processus d’intégration émotionnelle profond. Cela améliore la régulation des affects, la gratitude et la conscience de soi, selon les neurosciences de la compassion et de la pleine conscience.
🔹 Une boussole relationnelle : les recherches sur la satisfaction conjugale montrent que l’équilibre perçu entre ce que l’on donne et ce que l’on reçoit est prédictif du bonheur. Le Naikan permet de recalibrer ce sentiment d’équilibre subjectif.
🔹 Un antidote au biais de négativité : notre cerveau est câblé pour se souvenir plus des offenses que de la gentillesse reçue. Le Naikan corrige ce biais et active les circuits cérébraux liés à l’empathie et à la bienveillance.
La vraie maturité émotionnelle ne consiste pas à éviter les conflits, mais à oser regarder nos liens avec lucidité, humilité et gratitude.
Le Naikan est un art de l’introspection en douceur – une médecine du cœur fondée sur la science de l’attention sincère.
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Contenu
Une clé pour bâtir des retions durables: l’équilibre émotionnel
L’équilibre émotionnel est une clé fondamentale du bien-être relationnel. Nos émotions, en tant que signaux biologiques et cognitifs, façonnent la qualité de nos échanges sociaux. Selon la science des relations humaines, l’une des caractéristiques déterminantes de l’épanouissement personnel est la capacité à réguler ses émotions tout en étant capable de comprendre, contenir et répondre à celles des autres. L’un des outils les plus efficaces pour cultiver cette capacité est l’analyse consciente de nos interactions sur le plan émotionnel.
Le chercheur John Gottman, reconnu pour ses travaux sur la stabilité des couples, a démontré que le ratio entre interactions positives et négatives dans une relation – ce qu’il appelle le « ratio magique 5:1 » – est un prédicteur de longévité et de satisfaction relationnelle. Ce constat est valable bien au-delà des couples : toute relation humaine a besoin d’un équilibre émotionnel perçu pour prospérer. C’est cette dynamique que nous vous proposons d’explorer et de renforcer à travers une méthode pratique en 5 étapes, enrichie d’une réflexion profonde inspirée de la tradition japonaise du Naikan.
L’acronyme CLARTÉ : 5 étapes concrètes pour harmoniser les émotions dans la relation
C – Choisir une relation clé à observer (personnelle ou professionnelle) L – Lister les actions et manifestations émotionnelles récentes (positives et négatives) A – Analyser les équilibres et déséquilibres perçus R – Réfléchir à un plan d’ajustement émotionnel mutuel T – Tester le plan et évaluer son efficacité É – Évoluer dans la relation en intégrant les apprentissages émotionnels
Une méthode introspective structurée : les 5 étapes détaillées
1. Choisir une relation importante à analyser.
Sélectionnez une relation personnelle ou professionnelle significative. L’objectif est de cultiver l’équilibre émotionnel sur la durée.
Prenez le temps d’identifier une relation importante, personnelle ou professionnelle. Replongez-vous mentalement dans les interactions émotionnelles partagées sur les 7 à 30 derniers jours. Sans jugement, interrogez-vous :
- Quelles actions ou paroles ont généré de la joie, du réconfort, du soutien chez l’autre ?
- Quelles attitudes ont provoqué de la gêne, de la tension ou de la tristesse ?
Sur une feuille, tracez une ligne verticale. À gauche, notez les interactions positives (« + »), à droite les interactions négatives (« – »).
💡 Faites le même exercice en vous mettant à la place de votre partenaire : imaginez ce que lui ou elle pourrait mettre dans chacune des colonnes. Il ne s’agit pas encore d’un échange à deux, mais d’un acte d’empathie projective.
2. Lister les interactions émotionnelles.
Prenez une feuille et tracez deux colonnes : « + » (ce qui a nourri la relation et suscité des émotions positives) et « – » (ce qui a blessé ou suscité des émotions négatives). Réfléchissez aux actions ou paroles échangées sur une période allant d’une semaine à un mois.
Remarque importante : l’exercice peut être approfondi avec le partenaire, mais il commence seul. Vous analysez d’abord ce que vous avez donné et reçu, selon votre point de vue, puis ce que vous pensez avoir généré chez l’autre. C’est un processus de lucidité personnelle avant d’être un échange intersubjectif.
Prenez une autre feuille pour analyser les retours inversés : cette fois, listez les gestes et attitudes de l’autre envers vous. Cela vous permettra de faire une comparaison symétrique entre ce que vous pensez donner et recevoir.
Puis, posez-vous cette question : Le bilan émotionnel est-il équilibré ?
Soyez honnête et curieux. Le but n’est pas d’établir un procès, mais d’évaluer la proportion qualitative des émotions dans la relation.
🌀 Cette étape révèle souvent des écarts invisibles. On croit donner beaucoup, mais cela n’est pas forcément reçu comme tel. On peut aussi mal interpréter certains signaux comme négatifs alors qu’ils ne le sont pas.
3. Analyser les déséquilibres et en tirer des leçons.
Comparez les colonnes pour identifier si un déséquilibre émotionnel s’est installé. Posez-vous des questions comme : “Suis-je plus souvent la source de malaise ou de soutien ?” “Qu’est-ce que je donne vraiment dans cette relation ?” “Qu’est-ce que je reçois en retour ?”
4. Réfléchir à un plan émotionnel d’ajustement.
Élaborez une stratégie hebdomadaire pour nourrir la relation :
- Augmenter les expériences partagées positives.
- Réduire les sources de tensions.
- Communiquer vos émotions avec authenticité.
Une fois les zones de déséquilibre repérées, élaborez un plan d’action sur une semaine pour harmoniser l’équilibre quantitatif et qualitatif de vos manifestations. ce plan permettra de susciter et intensifier des émotions positives pour vous et votre partenaire. il vous aidera aussi, l’un et l’autre, à contrer les émotions négatives des deux parties. Les deux questions-clés sont les suivantes:
- Comment amplifier les émotions positives chez vous et l’autre ?
- Comment réduire ou prévenir les sources d’émotions négatives ?
🎯 Intégrez des micro-actions concrètes : un mot de gratitude, un message sincère, un temps d’écoute de 10 minutes sans distractions…
Ce plan ne doit pas être héroïque, mais réaliste et durable. Il vise à rétablir une circulation émotionnelle fluide.
5. Tester et évaluer.
Appliquez le plan pendant une semaine. En fin de période, réévaluez les équilibres et notez les progrès, les résistances et les points à améliorer. Cet exercice peut être répété chaque mois pour renforcer la santé émotionnelle de vos liens essentiels.
Observez les effets du plan mis en place. Tenez un journal pour noter ce qui a fonctionné, ce qui a été difficile, ce qui a été inattendu. Félicitez-vous pour chaque petit ajustement.
Une fois cette analyse faite seul(e), vous pouvez, si la relation est assez solide, proposer à l’autre d’échanger autour de vos ressentis respectifs.
Inspirez-vous du dialogue émotionnel assertif :
- « J’ai remarqué que je me sentais souvent [émotion] quand tu faisais [comportement]… »
- « J’ai vraiment apprécié quand tu as… »
- « J’aimerais qu’on trouve ensemble un moyen de… »
Ce dernier temps vise à créer une co-régulation émotionnelle. On ne gère pas les émotions de l’autre, mais on construit un espace d’écoute, de confiance et de collaboration émotionnelle.
Le miroir du Naikan : un complément puissant à la méthode CLARTÉ
L’approche Naikan, issue de la tradition japonaise, complète merveilleusement la méthode CLARTÉ. Tandis que cette dernière met l’accent sur les ressentis émotionnels et leur impact relationnel, le Naikan privilégie une analyse factuelle fondée sur trois questions simples mais transformatrices :
- Qu’ai-je reçu de cette personne ?
- Qu’ai-je donné à cette personne ?
- Quels tracas ou douleurs ai-je causés à cette personne ?
Ces questions recentrent l’attention sur la réalité concrète des échanges, au-delà de l’interprétation subjective. La combinaison de ces deux pratiques – ressentis avec CLARTÉ, faits avec Naikan – offre un cadre introspectif complet, puissant et nuancé pour explorer la richesse et la complexité des relations humaines.
Message à retenir ✨
L’équilibre émotionnel n’est pas une utopie : c’est une compétence relationnelle fondée sur la conscience, la répétition et l’intelligence affective. Les recherches en psychologie sociale et en neurosciences affectives nous montrent que nos émotions se synchronisent, s’influencent, se répondent. Les harmoniser, c’est offrir à soi et aux autres un cadre émotionnel propice à la sécurité intérieure, à la connexion et à la croissance.
L’équilibre émotionnel est un art fondé sur la conscience, la responsabilité et la réciprocité. En cultivant l’observation honnête de nos ressentis (CLARTÉ) et la gratitude des faits (Naikan), nous renforçons non seulement nos liens, mais aussi notre propre ancrage émotionnel.
“Ce n’est pas ce que nous ressentons ou vivons qui abîme les relations, mais ce que nous négligeons de reconnaître et de réguler.”
Faites de cette double pratique un rituel mensuel. Avec le temps, vous deviendrez un artisan lucide et bienveillant de la qualité émotionnelle de vos liens les plus précieux.
Nous espérons que vous avez apprécié la lecture de cet article. N’oubliez pas de https://qe-app.com/3-exercices-de-relations-positives/.
Références
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- Kempton, B. (2018). Wabi sabi: Japanese wisdom for a perfectly imperfect life. Harper Design.
- Krech, G. (2002). Naikan: Gratitude, grace, and the Japanese art of self-reflection. Stone Bridge Press.
- Krech, G. (2017). Question your life: Naikan self-reflection and the transformation of our stories. ToDo Institute.
- Liu, X. (2018). The influence on coping style in patients with schizophrenia by Naikan therapy. Value in Health, 21, S191.
- Sacks, O. (2015). Gratitude. Knopf.
- Sengoku, M., Murata, H., Kawahara, T., Imamura, K., & Nakagome, K. (2010). Does daily Naikan therapy maintain the efficacy of intensive Naikan therapy against depression? Psychiatry and Clinical Neurosciences, 64(1), 44–51. https://doi.org/10.1111/j.1440-1819.2009.02049.x
- Shapiro, S. L. (2020). Rewire your mind: Discover the science + practice of mindfulness. Aster.