Comment une personne émotionnellement équilibrée vit sa carrière

Comment une personne émotionnellement équilibrée vit sa carrière

Et si le véritable équilibre professionnel venait d’une paix intérieure, et non d’une ambition effrénée ? Un regard émouvant et lucide sur le lien entre santé émotionnelle et rapport au travail.

Et si, au fond, notre relation au travail était moins une question d’argent ou de compétences que de maturité affective ? Et si, derrière nos ambitions, nos sacrifices, nos doutes et nos désirs de reconnaissance, se jouait quelque chose de plus intime : l’état de notre équilibre émotionnel ?

Une personne émotionnellement équilibrée n’aborde pas sa carrière comme un terrain de réparation, ni comme un théâtre où venir rejouer les blessures de l’enfance. Elle n’a pas besoin de son métier pour se sentir exister. Parce qu’elle a été, depuis longtemps, suffisamment vue, entendue, valorisée, elle peut choisir son travail pour ce qu’il est vraiment : un cadre d’engagement, de compétence, de service. Rien de plus, rien de moins.

Elle ne cherche pas, non plus, à “exprimer son moi profond” à travers son emploi. Car sa parole a déjà eu sa place dans son histoire. Elle n’a pas besoin de réaliser un chef-d’œuvre pour mériter l’amour. Elle ne supplie pas l’humanité, par le biais d’un poste ou d’une réussite, de reconnaître qu’elle a de la valeur. Elle le sait déjà.

Alors, avec cette paix intérieure, elle peut choisir un emploi qui l’intéresse sans l’épuiser. Elle peut envisager un métier modeste, utile, technique ou artisanal, avec la même dignité qu’un poste prestigieux. Elle ne cherche ni la gloire, ni la revanche. Elle cherche l’équilibre.

Elle n’a pas besoin d’être patronne, d’être à son compte, de se débattre avec le pouvoir. Parce qu’elle n’a pas peur de l’autorité. Elle ne traîne pas avec elle la méfiance héritée d’un père absent ou d’une mère envahissante. Elle peut s’insérer dans une structure existante sans y voir une menace à son autonomie ou à sa dignité.

Et si le pouvoir vient à elle, elle ne s’en effraie pas. Elle ne s’auto-sabote pas pour rester fidèle à l’image fragile de ses parents. Elle ne trahit personne en réussissant. Elle ne confond pas la discrétion avec la lâcheté, ni l’ambition avec l’arrogance. Elle peut occuper un poste élevé sans se croire supérieure, et sans chercher à tout prix à en décrocher un.

Dans sa ville, elle ne voit pas les autres comme des rivaux. Elle ne vit pas dans une compétition de fratrie projetée sur la société toute entière. Elle n’a pas besoin que l’autre échoue pour se sentir digne. Elle ne perçoit pas la réussite d’un collègue comme une menace, mais parfois, comme une simple bonne nouvelle. Parfois même, elle n’y prête aucune attention. Parce que son assiette est pleine. Parce qu’elle ne ressent pas de vide à combler par des victoires.

Et dans cette stabilité, elle peut se consacrer au vrai sens du travail : servir. Elle peut se concentrer sur les besoins des autres. À l’écoute, engagée, sincère. Et cela suffit. Elle peut travailler des décennies sans reconnaissance publique, dans un cercle restreint où elle est estimée, et s’en sentir comblée.

Elle sait qu’elle mérite d’exister. Pas parce qu’elle produit. Pas parce qu’elle brille. Mais parce qu’elle est.

Et si cette forme de vie semble moyenne ou fade, c’est parce que notre monde est malade. C’est parce que trop de gens utilisent leur carrière pour panser des plaies anciennes. Pour mendier une reconnaissance jamais reçue. Pour rejouer les scènes d’un amour manquant. Et à force de ne pas voir les blessures à l’origine des ambitions, nous faisons du monde du travail un lieu de souffrance héréditaire.

Nous parlons de salaires, de compétences et de performance. Mais nous oublions de parler de ce qui fonde vraiment notre rapport au travail : notre état émotionnel.

Le véritable succès ne se mesure ni à la notoriété ni à la fortune. Il se mesure à la paix qu’on ressent en rentrant chez soi.

Et peut-être, à l’énergie qu’il nous reste pour aller refaire les bordures du jardin avant le coucher du soleil.

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