Nous savons — en théorie — qu’il est sage de prendre soin de soi, de se montrer patient, compatissant, doux envers nous-mêmes.
Mais en pratique… combien cela nous semble étrange, voire gênant.
Interrompre notre flot intérieur de critiques, de tension et d’auto-exigence, pour accorder un peu de tendresse à notre être ? Ce geste si simple paraît souvent contre-nature. Il est bien plus facile de prendre soin des autres que de diriger notre bonté vers nous-mêmes.
Et si, pour contourner cette résistance, nous essayions un petit exercice d’imagination ?
Et si, en plus de toutes nos responsabilités, nous étions en permanence accompagné·e·s d’un enfant de cinq ans — sensible, timide, un peu fatigué, très doux, facilement bouleversé — qui ne serait autre que la version miniature de nous-mêmes ?
🎒 Emmener l’enfant intérieur partout avec nous
Imaginez : aujourd’hui, ce n’est pas uniquement vous qui allez affronter la journée. Vous êtes suivi·e, à chaque instant, par ce petit être délicat.
- Il assiste à votre réunion du matin.
- Il vous accompagne au déjeuner avec des collègues que vous connaissez à peine.
- Il vous regarde passer ce coup de fil difficile, où vous devez affronter une personne sèche ou injuste.
- Il vous suit à cette soirée où vous ne connaissez presque personne, et où l’on attend que vous brilliez un peu.
- Il rentre avec vous, tard, fatigué, dans un métro bondé ou une rue trop sombre.
Vu avec vos yeux d’adulte, rien de tout cela n’a l’air insurmontable. C’est le « quotidien », ce que vous avez appris à endurer sans broncher.
Mais vu par les yeux de cet enfant, tout cela est immense, intimidant, parfois même terrifiant.
Et c’est précisément cette perspective qui vous permettrait d’enfin reconnaître la violence douce, mais réelle, de vos journées.
💔 Ce que l’on banalise nous abîme
Ce qui n’est pas reconnu en nous finit par se manifester autrement : en tensions dans le dos, en migraines, en accès de colère, en fatigue inexpliquée ou en épisodes d’angoisse.
Nous vivons des existences qui sont parfois objectivement trop dures pour nous, mais que nous avons appris à supporter en silence, en oubliant que cette force n’est pas toujours une victoire.
🧸 Et si nous étions aussi doux avec nous qu’avec un enfant ?
Face à un enfant de cinq ans, nous savons intuitivement :
- repérer la fatigue,
- sentir quand il a faim ou peur,
- comprendre qu’il a besoin de réconfort avant un effort public,
- lui dire « tu fais de ton mieux » plutôt que « dépêche-toi, t’as encore raté ».
Nous avons le réflexe de murmurer « mon pauvre trésor » en le voyant déborder de larmes.
Et pourtant, nous oublions de nous dire cela à nous-mêmes.
Mais nous aussi, nous sommes parfois ce petit être :
Fatigué, inquiet, perdu, vulnérable.
Et plus encore, nous souffrons de ne pas le reconnaître.
🌱 Se poser les vraies questions
À partir d’aujourd’hui, essayons de glisser, dans nos journées, des questions simples, presque enfantines — mais qui révèlent une maturité rare :
— Comment un enfant de cinq ans vivrait ma matinée ?
— Comment se sentirait-il à l’idée de cette réunion, de ce rendez-vous, de cette course ?
— Aurait-il peur ? Serait-il épuisé ? Se sentirait-il seul ?
Poser ces questions, ce n’est pas se rabaisser.
C’est, au contraire, rendre hommage à notre humanité profonde.
C’est renouer avec la part la plus sensible, la plus vive, la plus réelle de nous-même.
🤍 L’adulte le plus sage est celui qui protège l’enfant en lui
Le vrai calme, la vraie force, ne viennent pas de la dureté.
Ils naissent quand on accueille avec grâce cet être intérieur encore un peu tremblant, encore un peu fragile.
Demandez-lui, aujourd’hui :
« De quoi as-tu besoin, petit cœur ? »
Et vous verrez, avec étonnement, tout ce que vous pouvez déjà vous offrir.