La vie est un chemin semé de décisions : certaines prises avec clarté, d’autres dans la tourmente, parfois dans la douleur. Et bien que nous les ayons prises avec sincérité et réflexion, il arrive que les doutes s’installent. Était-ce le bon choix ? Devrais-je revenir en arrière ?
C’est que notre esprit humain, aussi remarquable soit-il, est sujet à des distorsions. Il oublie les douleurs passées, idéalise certains souvenirs, redoute l’inconnu. Il veut, souvent, éviter l’inconfort présent en réhabilitant un passé qui, en son temps, nous avait pourtant épuisés.
Dans ces moments d’hésitation, il est essentiel de ne pas se contenter d’un ressenti fugace. Oui, il faut honorer la clarté du passé. Oui, il faut faire confiance à la lucidité d’hier. Mais il faut aussi développer une capacité d’analyse enracinée dans le présent : celle qui prend en compte l’évolution de nos valeurs, de nos besoins et de notre environnement.
1. Tenir un journal de décisions : une boussole pour l’avenir
Le journaling n’est pas un simple exercice littéraire. Il nous permet de documenter nos décisions, leur contexte, nos émotions, nos arguments. Relire ce journal, c’est se reconnecter à la personne que nous étions, à ses besoins, à ses limites, à sa lucidité du moment. C’est éviter de trahir un choix mûri simplement parce que l’émotion du jour le contredit temporairement.
2. Devenir lucide face à nos biais cognitifs : apprendre à penser contre soi-même
Notre cerveau est sujet à des pièges bien connus de la psychologie cognitive :
- Le biais de confirmation, qui nous pousse à chercher ce qui renforce ce que nous croyons déjà.
- Le biais de disponibilité, qui accorde trop de poids à ce qui est saillant ou récent.
- Le biais de cohérence, qui nous incite à rester fidèles à des engagements, même s’ils ne nous servent plus.
- Le biais de narration, qui réinvente le passé pour le rendre plus cohérent avec le présent.
- Le biais de rétrospection, qui nous donne l’illusion d’avoir toujours su ce que nous savons aujourd’hui.
Apprendre à repérer ces biais, c’est regagner de la liberté intérieure. C’est se donner le droit de questionner ses pensées avec rigueur et bienveillance.
3. Structurer ses décisions grâce à des modèles éprouvés
Des outils existent pour éviter les décisions impulsives ou confuses :
- La matrice d’Eisenhower pour trier l’urgent et l’important.
- La boussole des valeurs pour vérifier si une décision est alignée avec ce qui compte vraiment.
- Le cercle d’influence et de préoccupation (de Stephen Covey) pour se recentrer sur ce que nous pouvons effectivement changer.
- La méthode WOOP (Wish, Outcome, Obstacle, Plan) pour transformer un désir en stratégie.
4. Réconcilier fidélité à soi et adaptation au réel
Certaines décisions d’hier ont été justes… mais ne le sont plus aujourd’hui. Et ce n’est pas une trahison de les remettre en question, si ce processus est honnête, structuré, et aligné avec nos valeurs profondes. Il ne s’agit pas de renier hier, mais d’avoir le courage de reconnaître que nous avons changé. Et que, parfois, la sagesse consiste à réévaluer, pas à répéter.
Conclusion
Quand le cœur vacille, reconnectons-nous à la lucidité d’hier… mais faisons-lui face avec la conscience d’aujourd’hui. Ce n’est ni la nostalgie ni la peur qui doivent guider notre chemin, mais la vérité vivante de ce que nous sommes devenus.
Faire confiance à son jugement passé, c’est honorer notre parcours. L’interroger, c’est honorer notre croissance.
Et parfois, la seule fidélité qui vaille, c’est celle à notre vérité intérieure du moment.