On pourrait croire, très logiquement, que le bonheur est facile à accueillir.
Qu’il est naturel d’éprouver de la gratitude quand la vie — enfin — nous sourit :
Un coup de pouce inespéré au travail.
Une rencontre douce, authentique, aimante.
Un cercle d’amis bienveillants qui nous accueille tel·le que nous sommes.
Un moment de paix. Une embellie. Un répit.
Mais ce serait sous-estimer l’un des grands paradoxes de la psyché humaine :
Savoir recevoir le bonheur peut être aussi difficile que traverser le malheur.
🌪️ Quand le bonheur fait peur
Pour certaines personnes, les « bonnes choses » déclenchent non pas un apaisement, mais une anxiété sourde.
Non pas de la joie pure, mais une sensation de vertige.
Pourquoi ? Parce que leur système émotionnel n’a jamais appris à accueillir le bien. Il a été entraîné à survivre au mal.
Et quand on a grandi dans :
- une maison imprévisible,
- un environnement émotionnel sec,
- des relations blessantes ou instables,
- des années d’adaptation au manque, au rejet, à l’humiliation…
… alors la joie devient un langage étranger.
On la désire, bien sûr. Mais on ne sait pas l’habiter.
Elle semble trop belle pour être vraie, et donc… suspecte.
🧠 Ce que la douleur a construit
Certaines personnalités se sont forgées dans la résistance à l’adversité.
Elles ont appris à :
- se taire quand elles avaient mal,
- ne pas espérer trop fort,
- sourire dans l’abandon,
- fonctionner malgré tout.
Elles sont devenues solides dans l’épreuve, mais fragiles face à la douceur.
Et alors, quand la vie apporte enfin quelque chose de beau, ces personnes :
- sabotent inconsciemment leurs relations saines,
- s’éloignent de celles et ceux qui les aiment vraiment,
- se font discrètement rejeter par le patron qui les soutenait,
- quittent trop tôt l’espace où elles étaient enfin bienvenues.
Pourquoi ?
Parce qu’elles ne s’en croient pas dignes.
Parce qu’elles ont intégré que le malheur est leur habitat naturel.
Et parce qu’inconsciemment, elles préfèrent provoquer la chute que de craindre sa venue.
💔 La tragédie des cœurs préparés à perdre
La chose la plus douloureuse dans tout cela ?
Ce n’est pas tant la perte. C’est qu’on l’a provoquée sans le vouloir.
C’est qu’on s’est puni soi-même d’avoir été heureux un instant.
Mais il n’est jamais trop tard pour comprendre — et changer le récit.
🌱 Réapprendre à recevoir
Si vous vous reconnaissez dans ces lignes, alors l’heure est venue de :
- observer avec tendresse cette partie de vous qui veut saboter.
- lui dire : « Je te vois. Tu essaies juste de me protéger. Mais cette fois, ce n’est pas un piège. C’est un cadeau. »
- résister à la tentation de fuir ce qui est bon.
- désapprendre la résignation.
Nous avons déjà suffisamment souffert.
La force que nous avons bâtie dans l’adversité ne doit plus nous voler ce qui est beau.
Il est temps de laisser la lumière entrer, même si elle nous éblouit un peu au début.
Vous avez droit à ce qui est bon.
Pas parce que vous l’avez mérité,
Mais parce que vous êtes humain·e.
Et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour être digne de chance.