Cet ex qu'on n'arrive pas à oublier

Cet ex qu’on n’arrive pas à oublier

Apprenez à entendre ce que les gestes disent plus fort que les mots. Et à croire, enfin, ce que votre cœur pressent depuis le début.

C’est souvent à la fin d’une relation intense que nous découvrons un phénomène troublant en nous : nous avons deux centres de conscience distincts, deux cerveaux qui ne se parlent pas, ne se comprennent pas, et n’intègrent pas la réalité au même rythme.

Il y a d’abord l’esprit logique. Celui-ci sait très bien que l’autre est parti, que cela fait des mois, que les messages sont restés sans réponse, que les appels n’ont pas été retournés. Il se souvient que l’été dernier, cette personne ne prenait plus de nouvelles. Il sait qu’elle flirtait ailleurs, qu’elle a été injuste, ambivalente. Il sait que c’est fini.

Mais il y a aussi l’esprit émotionnel, qui écoute, comprend les arguments… et n’en tient aucunement compte. Lui se repasse encore les moments à Corfou, les soirs tendres, les confidences à Berlin. Il croit que tout peut revenir. Il murmure : “Elle m’aimait… Il m’avait promis l’éternité… C’est juste une mauvaise passe.”

L’esprit émotionnel développe même des stratégies folles. Pourquoi ne pas écrire une lettre ? Aller devant son travail ? Appeler sa mère ? Réexplique ce qu’il n’a pas compris ? L’esprit logique hurle : “Arrête ! Tu te rabaisses ! Il t’a laissé(e) comme un voleur dans la nuit.” Mais l’autre continue de fredonner des souvenirs, des gestes, des odeurs.

Car l’esprit émotionnel idéalise. L’ex devient génie, muse, amant parfait. Le logique réplique : “Et pourtant, ce génie t’a quitté sans mot dire…” Mais l’émotionnel ne comprend pas la contradiction. “S’il m’a aimé un jour, c’est qu’il m’aime toujours.” Comme un enfant, il attend, fidèle. Comme un chien, il veille sur un maître disparu.

Mais ce n’est pas de l’amour. C’est une forme d’attachement rigide, un manque de flexibilité émotionnelle. Lorsque la maturité émotionnelle s’approfondit, nous comprenons que ce lien peut être transformé. On sublime cet amour en un sentiment apaisé, lucide, et on se détache intentionnellement de la personne. Ce n’est pas renier ce que l’on a vécu. C’est reconnaître que ce chapitre est clos, et qu’il est temps de reprendre possession de notre espace intérieur.

Le véritable piège, c’est d’attendre sans rien faire. De croire que le temps seul guérira, ou que l’autre finira par revenir. Mais rien ne change sans intention. La sublimation des émotions est un acte volontaire. Et surtout, la maturité émotionnelle n’est pas un don, mais une compétence. À l’inverse du quotient intellectuel, qui reste relativement stable tout au long de la vie, l’intelligence émotionnelle se cultive, se développe, se renforce. Par la conscience, l’éducation intérieure, l’entraînement à la régulation de ses réactions et à l’écoute de ses besoins réels.

Puis un jour, l’esprit logique sonne l’alarme. Il sent que tout va sombrer si cela continue. Alors il force : un voyage, une thérapie, un réveil brutal. Il sait que, comme le dit un proverbe arabe, “l’âme avance au pas du chameau”. Lui sait depuis longtemps. L’autre mettra des mois, voire des années à admettre la vérité.

Progressivement, un pacte se dessine entre les deux. L’esprit émotionnel murmure : “D’accord. Je garderai l’amour, mais je veux bien regarder un autre sourire.” Et la vie recommence.

Ce que nous appelions amour était peut-être une dépendance, un rêve projeté sur quelqu’un qui n’avait pas les épaules pour le porter. Aujourd’hui, nous savons que l’amour véritable commence par la paix retrouvée en soi. Un cœur qui guérit, c’est un cœur qui se choisit à nouveau. Et cette renaissance n’est jamais un accident. Elle est le fruit d’un choix.

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