Parmi toutes les compétences nécessaires pour vivre une relation amoureuse saine, la plus importante est sans doute celle de savoir vivre sans relation.
Ce n’est que lorsque nous avons pleinement fait la paix avec la perspective d’être seul que nous pouvons affronter l’amour avec calme, courage et clarté. Ce n’est que si nous savons survivre seuls que nous pouvons poser des limites justes à notre partenaire – et être pris au sérieux.
Car les ultimatums ne se jouent pas. Les personnes qui partagent notre vie savent, souvent mieux que nous, jusqu’où elles peuvent aller. Si nous redoutons plus la solitude que les mauvais traitements, nous deviendrons les jouets d’histoires qui nous vident. Nous devons toujours avoir, symboliquement, une valise de fuite sous le lit. Non parce que nous voulons partir, mais parce que cette possibilité – tenue à portée de conscience – nous protège.
De même, dans la période de rencontres, nous devons être en paix avec le fait de ne pas être en couple pour avoir la force de dire “non” à ce qui n’est pas juste pour nous. Sans cette paix, nous finirons par dire “oui” à des personnes qui ne nous attirent pas vraiment. Par peur de rester seuls, nous risquons de rester mal accompagnés.
Mais pour faire réellement la paix avec le célibat, il faut arrêter de le déguiser. Non, ce n’est pas “chouette” de dormir seul ou de pouvoir manger à toute heure. Non, le célibat n’est pas une aventure exaltante. C’est à la fois ennuyeux, angoissant, désolant et solitaire.
Et c’est justement parce que le célibat est pénible qu’il faut apprendre à l’habiter sans honte. Sans surjeu, sans slogans. En acceptant qu’il soit rude – mais qu’il reste infiniment préférable à une mauvaise relation. Mieux vaut pleurer seul sur le sol du salon que supplier un partenaire infidèle, immature ou distant de nous aimer enfin.
Car la solitude, aussi déplaisante soit-elle, contient toujours une porte vers un avenir. Elle préserve l’espace du renouveau. Une mauvaise relation, elle, nous éloigne de nous-mêmes, nous rétrécit, nous épuise. Le célibat ne vole jamais notre avenir. Il le protège, en silence.
Oui, nous avons le droit de détester être célibataire. Mais nous devons aussi comprendre à quel point tenir bon dans cette solitude est la seule manière d’accéder à une relation qui nous respecte.
Faire la paix avec le célibat, ce n’est pas l’aimer. C’est le traverser avec lucidité, détermination et dignité. C’est reconnaître que cette solitude est notre meilleure alliée dans la quête d’un amour qui, un jour, ne nous demandera plus de nous abandonner pour ne pas être seuls.