Parmi tous les indices possibles pour savoir si une personne mérite qu’on s’investisse dans une relation avec elle, il en est un qui surpasse les autres : elle est prête à envisager d’aller en thérapie.
Il ne s’agit pas de dire que toute thérapie fonctionne à merveille, ni que tous les thérapeutes sont des sages absolus. Ce n’est même pas une exigence que la personne ait déjà consulté. Non, ce qui compte, c’est l’ouverture à l’idée même que l’on pourrait avoir besoin d’aide, un jour.
Et cela, même en l’absence de troubles mentaux “visibles” ou officiellement diagnostiqués. Aller en thérapie n’est pas réservé aux personnes souffrant de schizophrénie, de bipolarité ou de crises aiguës. On peut avoir une vie fonctionnelle, un travail, des relations, et pourtant porter en soi des schémas, des blessures, des blocages qui méritent d’être explorés avec un regard extérieur et bienveillant. C’est même, souvent, le signe d’un raffinement intérieur que de vouloir mieux se comprendre, même sans symptôme criant.
Cette disposition à se remettre en question, à reconnaître ses zones d’ombre, à ne pas se croire parfaitement sain et lucide en toute circonstance, est infiniment précieuse. Elle témoigne d’une maturité affective rare : celle de ceux qui ont compris que la vie est plus complexe que ce qu’on nous avait promis, et qu’il n’y a aucune honte à demander de l’aide pour avancer en conscience.
Mais cette aide ne prend pas uniquement la forme d’une thérapie classique. Elle peut aussi passer par la présence d’un coach, d’un mentor, d’un parent lucide et bienveillant. Elle peut se manifester dans la capacité à écouter, à apprendre, à recevoir des conseils sans défensive. Elle se révèle dans l’humilité de dire “je ne sais pas”, “tu as peut-être raison”, “j’ai encore à grandir”.
La personne émotionnellement disponible et stable ne fuit pas les remarques constructives. Elle ne s’effondre pas dès qu’on lui tend un miroir. Elle accorde de la valeur à la parole de son partenaire, elle sait que la vérité peut venir de l’autre, même si elle pique un peu. Elle a cette noblesse silencieuse qui consiste à être enseignable.
La personne prête à envisager une thérapie ne se prend pas pour un modèle de perfection. Elle sait qu’elle a ses angles morts, ses réactions disproportionnées, ses peurs mal décodées. Elle a cessé de se raconter qu’elle est toujours rationnelle et maîtresse d’elle-même. Et c’est justement cette humilité tranquille qui la rend apaisante, profonde, sécurisante.
Les gens les plus sages ne sont jamais loin de pouvoir dire : “Peut-être que j’ai fait fausse route”. “Je ne comprends pas ce qui m’arrive”. “C’est peut-être aussi ma faute”. Cette disposition à douter, à rire d’eux-mêmes, à reconnaître leur vulnérabilité, vaut mille preuves d’amour.
Parce que la vraie menace dans une relation, ce n’est pas la tristesse ou la colère. C’est la certitude d’avoir toujours raison. C’est l’incapacité à dire : “Je vais y réfléchir”. C’est le refus de se regarder en face.
La personne prête à consulter n’est pas plus parfaite qu’une autre. Mais elle montre une qualité rare : elle sait qu’elle est humaine. Et que l’amour, pour durer, demande plus que des fleurs et des voyages. Il demande cette force d’âme : reconnaître que l’on a encore des choses à apprendre. Et que l’on est prêt à le faire, pour soi, et pour l’autre.
Alors peut-être ira-t-elle en thérapie. Peut-être pas. Mais le simple fait qu’elle n’écarte pas cette possibilité est déjà un signe d’une valeur immense.
C’est un signe de responsabilité, de conscience, de courage. Et cela suffit peut-être à mériter notre confiance, notre douceur, et notre temps le plus précieux.
L'Équipe QE
