Pourquoi l’intelligence émotionnelle est en déclin

Points clés

L’intelligence émotionnelle se compose de quatre facteurs : le bien-être, la maîtrise de soi, l’émotivité et la sociabilité.
L’analyse a porté sur 70 études portant sur près de 17 000 participants.
Trois facettes de l’intelligence émotionnelle ont décliné au fil du temps : le bien-être, la maîtrise de soi et l’émotivité.
L’accès aux technologies a été associé à une diminution du bien-être et de la maîtrise de soi.

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Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle ?

L’intelligence émotionnelle est un concept complexe composé de quatre facteurs : le bien-être, la maîtrise de soi, l’émotivité et la sociabilité. Le bien-être englobe l’auto-évaluation positive, ainsi que les sentiments de bonheur et d’optimisme. La maîtrise de soi inclut la capacité à réguler ses émotions, notamment le stress et les impulsions. L’émotivité implique des compétences relationnelles telles que la capacité à percevoir avec précision ses propres sentiments et ceux des autres, et la capacité à faire preuve d’empathie. La sociabilité inclut la capacité à communiquer efficacement, à exercer une influence sur les autres et à tisser des liens sociaux (Khan et al., 2021).

Les recherches actuelles

Les chercheurs ont constaté (après avoir contrôlé le sexe et le pays de l’étude) que le temps était significativement associé négativement à trois facettes de l’intelligence émotionnelle : le bien-être, la maîtrise de soi et l’émotivité. De plus, les baisses d’intelligence émotionnelle étaient « d’autant plus marquées que la proportion de femmes dans l’échantillon diminuait ». La recherche révèle que l’accès à la technologie est « associé à des niveaux inférieurs de bien-être et de maîtrise de soi ».

Implications

Les auteurs émettent l’hypothèse que l’augmentation rapide de l’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes adultes pourrait être responsable d’une partie du déclin de l’intelligence émotionnelle. « Les interactions sociales en personne offrent davantage de possibilités de rapprochement émotionnel et de création de liens que la communication en ligne, ce qui est problématique si les individus remplacent les interactions sociales en personne par la communication en ligne.» Les changements sociétaux survenus au cours des deux dernières décennies pourraient également être responsables d’une « baisse générationnelle de l’empathie et d’une augmentation des symptômes de dépression et d’anxiété », ainsi que d’une « augmentation des troubles de l’humeur, des idées suicidaires et des tentatives de suicide ».

Bien que la méthodologie de l’étude actuelle ne permette pas de tirer de conclusions causales, les auteurs émettent l’hypothèse que les réseaux sociaux « remplacent de plus en plus la communication en personne, ce qui entraîne une solitude accrue… [et] facilite les comparaisons sociales et l’envie entre pairs ». Les chercheurs suggèrent que d’autres facteurs, tels que le stress scolaire ou l’instabilité familiale, pourraient également être à l’origine de ce déclin de l’intelligence émotionnelle. « Identifier les causes de la baisse du bien-être, de la maîtrise de soi et de l’émotivité est particulièrement important pour la prévention des problèmes de santé mentale. » Les auteurs soulignent également la possibilité que « le bien-être ait décliné au fil du temps en raison du déclin d’autres facettes de l’intelligence émotionnelle (par exemple, la maîtrise de soi et l’émotivité). »

Limites et perspectives

Une limite du projet actuel : comme de nombreux articles individuels ne mentionnaient pas l’origine ethnique de leurs participants, les chercheurs n’ont pas pu explorer l’origine ethnique comme modérateur potentiel de l’intelligence émotionnelle. Pour remédier au déclin de l’intelligence émotionnelle, les chercheurs recommandent la mise en œuvre d’interventions susceptibles d’améliorer l’intelligence émotionnelle à long terme, soulignant que « ces interventions ont également permis d’améliorer les relations sociales et l’employabilité des participants ».

Un message à retenir

L’impact de la technologie sur l’intelligence émotionnelle est complexe. D’un côté, l’utilisation accrue des écrans et la communication virtuelle peuvent réduire les opportunités d’interaction sociale réelle, limitant ainsi le développement de compétences émotionnelles telles que la reconnaissance des signaux non verbaux, la détérioration de la conscience de soi, l’affaiblissement de la maîtrise de soi et du bien-être. D’un autre côté, la technologie offre des outils pour apprendre et pratiquer l’IE, via des applications de pleine conscience, des jeux axés sur l’émotion, ou des plateformes de développement personnel. L’équilibre dépend de la manière dont la technologie est utilisée et de la conscience de ses effets.

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Références

Khan, M., Minbashian, A., & MacCann, C. (2021). College students in the western world are becoming less emotionally intelligent: A cross‐temporal meta‐analysis of trait emotional intelligence. Journal of Personality. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/jopy.12643