L'addiction au chaos : comprendre l’auto-sabotage émotionnel

L’addiction au chaos : comprendre l’auto-sabotage émotionnel

Certains d’entre nous ne trouvent de calme qu’au cœur du chaos. Un texte bouleversant sur ceux qui, en amour comme au travail, semblent appelés non par la paix, mais par l’intensité émotionnelle.

Ceux d’entre nous qui ont besoin d’une zone de guerre

À première vue, la paix semble toujours préférable à la guerre. Il paraît évident qu’une existence paisible, baignée de calme, de confort et de sécurité, serait plus enviable qu’une vie marquée par la tension et le chaos. Pourtant, il existe des êtres qui, comme les reporters de guerre, choisissent délibérément de s’immerger dans les zones de conflit. Officiellement, ils invoquent des raisons nobles : témoigner de la souffrance, alerter les consciences, dénoncer les injustices. Mais derrière ces justifications se cache souvent une vérité plus intime, plus trouble : celle d’une attraction paradoxale pour le tumulte.

L'addiction au chaos : comprendre l’auto-sabotage émotionnel

Le vacarme des bombes apaise parfois mieux que le silence d’un après-midi tranquille. Le fracas du monde, aussi dangereux soit-il, a quelque chose de familier, presque rassurant, pour ceux qui ont grandi au milieu de la fureur. Dans le vacarme, ils se sentent vivants. Dans le calme, ils se sentent en péril.

Et si, sans en avoir l’uniforme ou l’appareil photo, nous étions plus proches de ces journalistes de guerre que nous ne l’imaginons ? Dans notre vie amoureuse, professionnelle, intérieure, nous créons parfois des zones de combat là où la paix pourrait exister. Nous appelons cela de la passion, de la productivité, de l’intensité. Mais il se pourrait bien que ce soit simplement la seule manière que nous connaissions d’exister.

Nous choisissons des partenaires inaccessibles, instables ou critiques. Nous nous lassons vite des êtres bons et stables qui ne nous réveillent aucun vertige. Nous créons de l’urgence dans notre travail, orchestrons le stress comme une symphonie, flirtant avec les limites de l’effondrement parce que c’est là, au bord du gouffre, que nous nous sentons étrangement compétents.

Ces inclinations ont des racines profondes. L’enfance nous a formés dans des environnements où la paix n’existait pas. Là où l’amour était conditionnel, où la colère planait comme une menace constante. Nous avons appris à dormir d’un œil, à lire les silences comme des avertissements, à survivre plus qu’à vivre. La paix, pour nous, est étrangère. Elle ressemble trop à l’ennui ou à une menace déguisée.

Peut-être n’est-il pas réaliste d’espérer une transformation radicale. Mais reconnaître nos schémas, notre affinité secrète avec le chaos, est un premier pas vers la lucidité. Accepter que nous soyons câblés pour la guerre intérieure ne signifie pas s’y abandonner, mais se doter d’outils — comme un flak jacket émotionnel — pour naviguer plus sagement dans notre propre théâtre d’opérations.

Et parfois, en devenant spectateurs bienveillants de nos réflexes guerriers, nous découvrons, à notre propre surprise, la douceur d’un dimanche calme. Une promenade sans incident. Un amour sans drame. Un silence non menaçant.

Nous ne perdrons jamais tout à fait notre goût pour les orages. Mais nous pourrions, avec le temps, apprendre à aimer aussi la lumière du matin après la tempête.

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