Se sentir incompris... sans jamais vraiment s’expliquer

Se sentir incompris… sans jamais vraiment s’expliquer

Nous rêvons d’être compris, mais avons-nous vraiment osé nous expliquer ? Cet article explore comment le silence intérieur sabote nos liens — et pourquoi apprendre à se dire est un acte d’amour et de liberté.

Il y a une profonde empathie collective pour celles et ceux qui se plaignent de ne pas avoir été écoutés dans une relation — en particulier amoureuse.
« On ne m’a jamais vraiment entendu »,
« C’était toujours à sens unique »,
« Mes besoins passaient après tout le reste »…
Ces plaintes suscitent immédiatement la compassion. Car l’idée d’être émotionnellement ignoré touche une corde universelle.

Mais avant de céder entièrement à cette sympathie légitime, une question mérite d’être posée, avec tendresse mais lucidité :
Avons-nous vraiment expliqué qui nous étions à l’autre ?
Avons-nous tenté, sincèrement et patiemment, de nous rendre visibles ?


🧠 Le paradoxe du silence douloureux

Il est étrange, mais fréquent, de ressentir une frustration profonde d’être incompris… sans jamais avoir formulé clairement ce qu’on voulait que l’autre comprenne.
On peut désespérément désirer être entendu tout en fuyant, inconsciemment, l’effort de se dire.
Et ce n’est pas de la paresse ni de la mauvaise foi.
C’est souvent la conséquence d’un passé silencieux — d’une enfance dans laquelle personne n’a jamais vraiment accueilli nos émotions, nos doutes, nos douleurs.


👶 Quand le passé rend muet

Si nos premières tentatives de partage ont été accueillies par :

  • du mépris,
  • de l’indifférence,
  • de la colère,
  • ou de la honte…

… alors nous avons appris à ravaler, à plier nos ressentis, à ne compter que sur nous-mêmes.
Et à l’âge adulte, cette habitude devient un réflexe.
Nous n’espérons plus être compris. Nous présumons l’échec de toute tentative de dialogue, alors même que nous en rêvons.

Parfois, on tente de parler… mais au pire moment : à 23h, quand l’autre est épuisé.
Ou dans un ton passif-agressif qui garantit qu’on sera mal reçu.
On s’arrange, sans le vouloir, pour que notre invisibilité se rejoue. Parce qu’au fond, elle nous est familière. Elle ressemble à « chez nous ».


🗣️ Ai-je vraiment parlé ?

Avant de se désespérer, il peut être libérateur de se poser cette question simple :
« Est-ce que j’ai clairement exprimé ce que je reproche à l’autre de ne pas comprendre ? »

Ai-je dit :

  • que j’aimerais avoir plus de liberté pour voir mes amis ?
  • que certaines pratiques intimes me frustrent ?
  • que les remarques constantes sur mes retards me blessent ?

Nous passons des années à nourrir du ressentiment pour ce que nous n’avons jamais osé dire.
La douleur d’être ignoré est réelle… mais parfois, elle n’est pas due à un refus d’écoute, mais à un silence que nous avons laissé s’installer.


💡 S’expliquer : une œuvre de patience

Dans une relation saine, il y a cette tâche exigeante, mais vitale :
enseigner à l’autre qui l’on est.
Cela implique :

  • de choisir le bon moment,
  • de croire en notre droit d’être entendu·e,
  • d’utiliser l’humour, la douceur, et un peu de diplomatie,
  • de ne pas attaquer, mais de traduire.

Et surtout… de réessayer. Parce qu’un dialogue, ce n’est pas une demande qu’on lance une fois et qu’on archive. C’est un apprentissage lent, souvent imparfait, mais profondément transformateur.


🤝 Être incompris·e n’est pas toujours être ignoré·e

Bien sûr, certaines personnes refusent d’écouter. Et celles-là, oui, il faut s’en éloigner, se protéger.

Mais il y a aussi des moments où notre sentiment d’incompréhension est le fruit d’un silence trop longtemps entretenu.
Par peur. Par fatigue. Par conditionnement.

Dans ce cas, la meilleure chose que nous puissions faire, pour nous, pour l’autre, pour le lien, c’est oser prendre la parole.
Pas pour être sûr·e d’être compris·e immédiatement.
Mais pour rompre avec l’habitude de disparaître.

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